Rester locataire toute votre vie, ça aura un gigantesque impact sur votre retraite

Source: journaldemontreal.com
Il est non seulement difficile pour les millénariaux d’accéder à la propriété en raison des prix de l’immobilier, mais rester locataire toute leur vie pourrait aussi avoir un lourd impact sur leur retraite, car ils devront économiser davantage.

Les travailleurs millénariaux qui louent un logement durant toute leur vie devront épargner 50 % de plus que ceux qui ont acheté une propriété. Les millénariaux sont la génération Y, née entre 1981 et 1996, qui est âgée aujourd’hui de 25 à 40 ans. «Notre analyse démontre que pour pouvoir disposer d’un revenu raisonnable à la retraite, un millénarial qui loue pendant toute sa carrière devra épargner huit fois son salaire annuel pour pouvoir prendre sa retraite à l’âge de 68 ans. Inversement, un millénarial propriétaire n’aura besoin d’économiser que 5,25 fois son salaire annuel et pourra même prendre sa retraite trois ans plus tôt, à 65 ans», explique Jean-Philippe Côté, conseiller en placement chez Mercer Canada, la firme qui a réalisé le baromètre du degré de préparation à la retraite.

À double tranchant

Or, les prix des loyers n’ont cessé de grimper au cours de la dernière année et atteignent désormais des niveaux records. Au Québec, le Tribunal administratif du logement a accepté pour 2023 des hausses moyennes de 2,8 % pour un logement chauffé à l’électricité, soit plus du double qu’en 2022. Cela rendra la tâche des locataires encore plus difficile pour économiser les montants nécessaires à une retraite confortable.

Et une fois à retraite, les propriétaires seront encore une fois privilégiés, puisqu’ils auront probablement terminé de rembourser leur hypothèque. Résultat, ils n’auront plus que les taxes municipales et l’entretien de leur propriété à payer, contrairement aux locataires qui eux devront continuer à verser un loyer pour se loger. Cependant, les calculs de Mercer partent du principe voulant que l’hypothèque soit entièrement remboursée, ce qui ne sera pas nécessairement le cas de tous, il faut donc nuancer légèrement les résultats.

En revanche, les propriétaires qui vendront leur maison auront probablement accès à un bon montant d’argent et, s’ils préfèrent conserver leur propriété, ils pourront utiliser sa valeur ou l’équité accumulée pour avoir accès à une bonne flexibilité financière. Autre possibilité : vendre la propriété familiale et s’acheter un logis plus petit et moins coûteux, tout en conservant des liquidités.

Pour Jean-Philippe Côté, la problématique est à double pour les non-propriétaires. «Alors que le coût de la vie continue de grimper et que l’accessibilité à la propriété diminue, de nombreux millénariaux, exclus du marché immobilier pour de bon, pourraient se résigner à demeurer locataires. La question de l’endettement s’ajoute aussi aux difficultés liées à la retraite. Car plus le coût de la vie augmente, plus les gens s’endettent et moins ils peuvent épargner pour une mise de fonds ou pour leur retraite», constate-t-il. Notons toutefois que tout le monde est à risque de s’endetter, que l’on soit locataire ou propriétaire.

De plus, un locataire n’aura pas à payer de taxes municipales – du moins pas directement –, ni de frais de condo, ni de coûts d’entretien et de rénovation pour son logement. S’il réussissait à économiser l’équivalent de ces montants pour les placer et en tirer des rendements intéressants, il pourrait tirer son épingle du jeu et améliorer ses revenus à la retraite.

Ne négligez pas de participer au régime de l’employeur

Pour mieux attirer et retenir la main-d’œuvre, de nombreux employeurs offrent des cotisations de contrepartie. Cela signifie que chaque fois que l’employé cotise à son REER, l’employeur versera un montant équivalent dans son régime. Ceux qui bénéficient de ces régimes voient donc leurs possibilités d’épargne augmenter, ce qui les aide à atteindre leurs objectifs tant au niveau de la retraite que sur le plan de l’accès à la propriété. En effet, rappelons que le RAP permet de retirer jusqu’à 35 000 $ de ses REER pour acheter une propriété.

À cet égard, Jean-Philippe Côté exhorte les employeurs à offrir des programmes dont le design est flexible et suffisamment souple pour s’adapter aux différents besoins des employés.

Il recommande aussi aux millénariaux qui pourraient se sentir découragés devant l’ampleur de la tâche de ne pas baisser les bras, de bien évaluer les différentes options et leurs conséquences sur le futur, et d’utiliser tous les outils et leviers d’épargne à leur disposition.

Source: journaldemontreal.com